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TEMOIGNAGE

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Témoignage d’un habitant qui a souhaité prendre la plume. Il fait écho à l’autre témoignage ramené de Layrac. Toute la discussion sur les enjeux économiques ne peut faire oublier les réactions sentimentales qui surgissent. Nous livrons donc ce conte à votre lecture.

Récit conte qui peut devenir réalité

Je suis le deuxième fils d’une famille d’exploitants agricoles depuis plusieurs générations ; elle se situe aux quatrièmes terrasses de la Garonne, à la limite de la Lomagne ; pays magnifique de vallons et coteaux. Mon frère a pris la suite de l’exploitation agricole ; j’ai dû abandonner ma terre natale pour me rapprocher des industries et zones urbaines, afin de trouver du travail ; mais la nostalgie de mon village me fait revenir dès possible chez mes parents et mon frère pour me ressourcer.

On ne cesse de dire à qui veut bien l’entendre qu’il faut redonner vie à nos villages ; qu’il faut maintenir le plus longtemps possible les personnes âgées dans leur environnement ; que cela coûte moins cher à la société.

Pour cela, afin d’assurer un confort de vie, nos élus ne cessent de trouver des solutions pour maintenir les populations sur place à grands renforts de frais, aménagements divers, multiservices, tout à l’égout, salle polyvalente, regroupement scolaire et j’en passe !

Moi, pris par la nostalgie du pays, après réflexion, je me dis : « je vais engager des frais de déplacement, des heures de trajet, mais je vais retourner vivre auprès de mon clocher ». Oui mais ! Mon frère était prêt à me céder un terrain afin d’édifier un logis pour ma famille ; mais n’étant pas agriculteur, pas de permis de construire.

Autre possibilité : sur ma commune il y a un POS ou un PLU qui me redonne un espoir… de courte durée. La LGV passe à proximité avec toutes les nuisances qu’elle engendre surtout l’écho sonore dans les vallées. Adieu projet ; adieu doux rêve !

Mon frère pour sa part va avoir son exploitation partagée en deux par une clôture infranchissable (si ce n’est après un long détour : plus de km ; plus de pollution). Comment va-t-on lui restituer les terres impactées et remembrer les superficies ?

Et dans cette situation nous sommes nombreux. Il y a même un artisan maçon dont le fils lui a succédé, propriétaire d’un terrain à bâtir dans un cadre verdoyant qui souhaitait construire une maison (qu’il appelle de maçon) avec des matériaux nobles du pays : pierres – briques foraine rouge – charpente traditionnelle, le tout dans le style du patrimoine local. Mais ce projet là aussi tombe à l’eau !

Alors oui, au service public mais pas à n’importe quel prix. Avec un peu plus de réflexion on peut souvent faire mieux. J’ai une pensée profonde pour tous ces gens qui ont anticipé mon souhait et sont déjà là ; avec un choix de vie qu’ils ont choisis malgré les inconvénients du déplacement ; à ce jour ils ont des prêts à rembourser, une perte de valeur foncière bâtie dans le cas où la ligne LGV passerait devant ou derrière leur demeure, et bientôt les nuisances. Adieu mon village au clocher, aux maisons sages ! … Vous avez dit progrès ? !


 




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