Ci-dessous des propos de Yves Crozet, prof d'économie, membre de la commission chargée de la réévaluation des projets d'infrastructures de transport.

N’a-t-on pas surestimé l’effet d’entrainement des infrastructures de transport sur le développement économique ?

 
Ce qu’il faut dire c’est que si les outils du calcul économique ont été assez vite transférés dans la sphère de la décision publique, ce n’est pas le cas des outils de l’analyse spatiale des effets des infrastructures de transport. Là nous sommes restés sur deux mondes étanches. Il y a d’un côté le monde des chercheurs, et je pense notamment à mon laboratoire et aux analyses de François Plassard et Alain Bonnafous qui ont très vite montré, comme d’autres, que les effets structurants des infrastructures étaient en fait beaucoup plus faibles que prévu et qu’il ne fallait pas rêver sur les impacts en termes d’emplois ou de gain de PIB. De l’autre côté, le monde de la décision publique a continué et continue encore aujourd’hui à raisonner comme si une infrastructure de transport, canal, autoroute ou ligne TGV, était une véritable corne d’abondance qui allait déverser sur le territoire tous les bienfaits que l’on peut imaginer. Il y a là un vrai hiatus dans la mesure où nos travaux montrent depuis longtemps que les infrastructures de transport commencent d’abord par déménager le territoire avant de l’aménager. Elles massifient les flux et favorisent la polarisation des activités vers les agglomérations les plus importantes. Mais elles ne créent pas spontanément de l’activité !
 
Il est fort dommage que nos hommes (ou femmes) politiques continuent de rêver les yeux ouverts. Malgré l'âge canonique de certains, ce qui peut conférer une certaine expérience, ils n'ont toujours pas compris. (Mais ils n'ont pas FREE)

 



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